22 janvier 2010  
 

 

Responsable devant la nature

 

La politique écologique est à l'ordre du jour, car notre planète est malade : pollution, réchauffement, destruction de la forêt amazonienne – un poumon de la terre – espèces animales en voie de disparition, etc. Certains ont accusé la Bible d'être à l'origine de cet esprit destructeur, puisqu'il est écrit "emplissez la terre et conquérez là" (Gn 1, 28). Une fois de plus la critique va de paire avec l'ignorance. En effet, pour nos sages zal, cette conquête ne peut être aveugle mais doit être fondée sur l'éthique monothéiste. D'ailleurs, Adam notre ancêtre fut un jardinier, et non un pollueur de jardin.

En fait dans sa sagesse infinie, la Torah nous a déjà mis en garde contre nos excès et nos tentatives de modifier l'ordre établi par le Créateur, qu'Il soit béni. Ainsi dans la paracha Kédochim (paracha centrale de la Torah), nous lisons : "Observez Mes décrets : n'accouple point des bêtes d'espèces différentes ; ne sème point dans ton champ des graines hétérogènes, et qu'un tissu mixte (chaatnez) ne couvre point ton corps". (Lv 19, 19). Nahmanide (1194 - 1270) offre une interprétation d'une grande actualité.

"Voici le sens de l'interdiction des mélanges : D. a créé des espèces différentes dans le monde, des êtres vivants qui se meuvent et des végétaux. Et Il les a dotés de la faculté reproductive de telle sorte qu’ils engendrent et se perpétuent, tant que D. le voudra pour le maintien du monde. Et Il a ordonné qu'ils engendrent selon leur espèce pour toujours, comme il est dit leminéhou ("selon son espèce"). Ceci est la raison qui pousse les animaux à procréer pour le maintien de l'espèce quand les mâles se joignent aux femelles. Mais celui qui accouple deux espèces différentes dénie et change l'ordre de la Création comme s'il pensait que le monde de D. était incomplet, et qu'il aidait le Créateur en ajoutant des créatures.".

Ne parle-t-on pas aujourd'hui du respect de la biodiversité ?

Cette année la fête "écologique" de Tou Bichvat tombe en même temps que la paracha du Cantique de la mer. La coïncidence est éloquente : plutôt que de vouloir modifier la création divine, sachons être des serviteurs reconnaissants envers notre Créateur et travaillons dans ce monde pour construire un monde de fraternité, et non d'intérêts mercantiles.

Tou Bichvat saméah.

David Messas

Grand Rabbin de Paris

 
 

 

Tou Bichvat : une célébration d’actualité

Deux formules de la tradition juive définissent d’emblée la conception que le judaïsme se fait de la protection de la nature et de ce qu’on appelle aujourd’hui l’écologie. La première est celle du Midrach qui nous fait injonction de veiller « à ne pas gâter ou détruire le monde » ( Ecclésiaste Rabba 7.13). La seconde est celle du texte biblique qui nous interdit « de détruire les arbres en portant sur eux la cognée : ce sont eux qui te nourrissent, tu ne dois pas les abattre » ( Deutéronome 20.19).
Tou Bichvat, le Nouvel an des arbres, que nous célébrerons le 30 janvier, n’est qu’une fête mineure du calendrier hébraïque. Elle ne figure pas parmi les célébrations prévues par la Bible. C’est au cours de la période du Second Temple qu’elle est mentionnée pour la première fois dans notre histoire. Il s’agissait à l’époque d’établir la date limite pour fixer la dîme prélevée sur les produits des arbres fruitiers. Cette célébration a été maintenue même lorsque les lois de la dîme ont cessé de s’appliquer.
Tou Bichvat aura eu pour vocation, tout au long de notre histoire, de nous aider à maintenir et à préserver nos liens avec Eretz Israël. Ce sont de tels liens qui ont conduit Lamartine à écrire qu’un peuple qui, même séparé de son pays, ne cesse de prier pour le climat et les saisons de sa terre ancestrale, était assuré de ne pas disparaître.
Nos Sages ont attribué à Tou Bichvat la dignité et les exigences d’une véritable fête ; ils ont notamment interdit en ce jour de jeûner ou de réciter les prières de pénitence (les tahanounim). Avec le temps, la tradition s’est instaurée de manger les fruits de la saison, ou de lire des passages bibliques louant Eretz Israël et ses produits.
Préserver l’atmosphère, sauvegarder les eaux, respecter la terre et lui accorder le repos la septième année (la Chémita) : autant d’exigences de la Torah qui constituent aujourd’hui les idéaux écologiques et environnementaux partagés par de plus en plus de personnes.
Souvenons-nous d’un commentaire de Maïmonide, dans son Michné Torah : « Non seulement celui qui coupe des arbres fruitiers, mais aussi celui qui brise, intentionnellement ou non, des articles de ménage, déchire des vêtements , démolit un bâtiment, tarit une source, ou détruit de la nourriture, viole le commandement « Tu ne détruiras pas » ( Bat Tachkhit) ».
Tou Bichvat constitue aujourd’hui une de nos plus belles traditions, mais également une célébration festive des plus modernes et des plus éducatives…une excellente occasion de réfléchir aux différents aspects de l’évolution de l’environnement du monde moderne…
N’oublions pas qu’ici bas, nous ne sommes que des locataires qui devons transmettre à nos enfants une terre sans l’avoir trop défigurée !

Dov ZERAH

Président

 
     
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