Editorial
du Président :
De
l’enseignement d’Yitro à la décentralisation
consistoriale
La
paracha de la semaine est une des sections sabbatiques de
la Torah les plus riches d’enseignement puisque c’est
une des deux retraçant le don de la Torah. Le peuple
est sorti d’Egypte, sous la conduite de notre maître
Moché, et va se préparer à recevoir les
commandements divins.
Mais,
au préalable, la paracha va nous délivrer un
extraordinaire enseignement de gouvernance collective !
Moché,
Aaron, Myriam, et les enfants d’Israël se dirigent
vers Midian, vers le lieu du buisson ardent où Moché
eut la révélation divine. Le pays de Midian
est dirigé par le beau-père de Moché,
Yitro.
A
l’annonce de leur arrivée, Yitro, accompagné
des membres de sa famille, va à leur rencontre pour
les accueillir, pour retrouver sa fille, Tsipora, son gendre,
et ses deux petits fils, Guershom («…car j’ai
été étranger dans un pays païen.
» Chemot, 18-3), et Eliezer (« …parce que
le D… de mon père m’a sauvé de l’épée
de Pharaon.» Chemot 18-4).
Une fois les retrouvailles passées, le récit
de la sortie d’Egypte rapporté par Moché,
le nom de D… sanctifié et glorifié par
Yitro, les sacrifices réalisés…Yitro va
découvrir comment Moché rend la justice, arbitre
les différends, délivre ses conseils et les
commandements divins…«…le peuple se tenant
debout auprès de Moché du matin au soir »
Chemot 18-13).
Yitro
ne va pas hésiter à critiquer son gendre !
Yitro
dit à son gendre qu’à ce rythme, avec
le temps il va s’épuiser, épuiser le peuple,
car c’est une charge trop lourde qu’il ne peut
assumer seul ! Yitro ne va pas se contenter de critiquer son
gendre, il va le conseiller. Il lui recommande de choisir
« …des hommes éminents craignant D…,
des hommes de vérité haïssant le lucre…
»(Chémot 18-21), de leur laisser le soin de juger
toutes les affaires, en se réservant que les affaires
importantes…
Cet
enseignement d’Yitro se retrouve dans l’organisation
judiciaire, avec les trois niveaux du tribunal d’instance,
de la cour d’appel et de la cour de cassation. Le concept
de la délégation de pouvoirs ou de signature
est ainsi explicité…Le principe de la subsidiarité
énoncé…Plus généralement,
l’enseignement d’Yitro se retrouve dans le droit
romain avec la règle « de minimis non curat praetor
», selon laquelle le prêtre ne s’occupe
pas des affaires minimes, règle communément
reconnue sous l’expression « de minimis »…
Cet
enseignement d’Yitro guide la mise en place de la décentralisation
consistoriale qui consiste, sur la base du volontariat, à
confier à la commission administrative toute responsabilité
aujourd’hui assumée par le Consistoire qu’elle
est prête à prendre en charge.
La
communauté consistoriale ne peut plus continuer à
fonctionner sur un modèle qui avait du sens lorsqu’il
n’y avait qu’une trentaine de communautés,
et qui a de plus en plus de difficultés avec 80 communautés.
Par ailleurs, nous avons de plus en plus de responsables compétents
et dévoués qui aspirent à plus de responsabilités.
Pour chaque communauté, dans le pragmatisme et en faisant
preuve d’imagination, nous établirons le contrat
d’action consistoriale déterminant toutes les
responsabilités que la commission administrative est
disposée à assumer. En rapprochant le décisionnaire
du fidèle, nous augmenterons la qualité du service
de proximité ainsi que la réactivité
de notre maison consistoriale.