En
août 2001, à Durban en Afrique du Sud s'est
tenue la troisième conférence mondiale contre
le racisme sous l'égide des Nations Unies.
Elle
s'est achèvée le 8 septembre 2001, trois
jours avant les attentats du 11 septembre. Cet événement
sans précédent devient aussitôt le
nouveau marqueur à partir duquel les discours et
les actions vont s'élaborer durant les années
qui suivront au sein de l'ONU.
A
deux mois de la Conférence d'examen de Durban dite
Durban 2 (20 au 24 avril 2009 à Genève),
il est nécessaire de rappeler précisément
ce que fut Durban 1, de connaître l'évolution
des normes internationales autour du racisme, afin de
comprendre à la fois les enjeux de cette conférence,
les possibles conséquences sur les luttes contre
le racisme, les droits humains et la démocratie.
Ce
sommet de Durban 1 avait été marqué
par les violences, les slogans antisémites qui
pouvaient s'exprimer sans retenue dans le Forum des ONG
de la conférence mondiale contre le racisme. Mais
d'autres faits étaient aussi graves, comme la mise
à silence des femmes, le putsch du caucus des ONG
dans une atmosphère de lynchage, l'adoption du
texte du forum des ONG en dehors de tout cadre démocratique.
A
peine quelques semaines après les attentats du
11 septembre, commence à s'élaborer au sein
de l'ONU toute une rhétorique d'inversion, visant
à faire peser sur une entité non définie
mais fortement stigmatisée : « l'Occident
», la responsabilité des actes terroristes
qui ont été commis sur le sol américain
puis à Madrid en 2004 ou au Royaume Uni en 2005.
Se
structure depuis 2001 une plateforme politique qui continue
de se focaliser sur l'état d'Israël, considère
l'islamophobie comme la forme absolue du racisme commis
par les occidentaux, et vise à limiter la liberté
d'expression. En ce qui concerne les femmes, les poussées
relativistes qui placent les traditions, les cultures
et les religions comme supérieures aux droits universels
va particulièrement porter un coup aux revendications
concernant les droits des femmes.
En
revanche certains thèmes comme la représentation
politique, les mutilations sexuelles, la traite ou la
prostitution vont être instrumentalisés pour
valoriser la place traditionnelle des femmes dans l'espace
de la famille, protégées par l'espace du
religieux, notamment par la Charia.
Ce
qui est prévu par les textes préparatoires
de Durban II, c'est une attaque en règle de la
laïcité et de l'universalisme considérés
comme faisant partie d'un système de valeur occidental,
avec une limitation de la liberté d'expression.
Une des batailles de Durban II va porter sur La diabolisation
d'Israël La focalisation disproportionnée
sur le conflit israélo-palestinien, et les dérives
qui en ont découlées, se sont encore amplifiées
au sein des différents mécanismes de l'ONU.
Le « langage de haine » que l'on croyait avoir
pu voir supprimé de la DPA a pu se structurer et
être introduits dans d'autres documents officiels,
lors d'interventions orales de pays ou de groupes politiques
ou régionaux.
-
Focalisation sur Israël au sein des instances onusiennes
-
Centralité de la question palestinienne au sein
des mécanismes de l'ONU
Au sein du Conseil des droits de l'homme, le point 7 de
l'ordre du jour, consacre de façon permanente les
territoires palestiniens occupés, tandis qu'aucune
autre région, pays ou conflit ne sont consacrés
dans aucun des autres points de l'ordre du jour.
-
Elaboration du vocabulaire de haine
-
Les interventions orales depuis 2001 ont continué
d'utiliser le fameux « langage de haine »
supprimé dans la DPA de Durban. Ont été
ajoutés de nouvelles formulations comme celle «
de Terrorisme d'Etat » dans les négociations
autour d'une nouvelle convention internationale contre
le terrorisme ou la reprise de termes inscrits dans la
mémoire de Shoah pour qualifier les actions d'Israël
à l'encontre des Palestiniens : « Holocauste
», etc… Pour amplifier la dimension raciste
du sionisme. L'invocation de la judaïsation de la
Palestine est récurrente. Pour renforcer le caractère
blasphématoire du sionisme, des résolutions
sont adoptées condamnant le fait qu'Israël
empêcherait l'accès aux lieux saints, Jérusalem,
etc.
-
De la résolution sionisme = racisme, nous avons
glissé vers l'affirmation qu'Israël est un
pays d'apartheid. Le premier à avoir formellement
introduit cette notion dans un document estampillé
de l'ONU est le rapporteur spécial sur les territoires
palestiniens occupés John Dugard. Le 24 novembre
2008, le président de l'Assemblée Générale,
Miguel d'Escoto Brockman lors d'une séance plénière
qualifiait les politiques d'Israël d'apartheid et
appelait la communauté internationale à
engager des campagnes de boycott à son endroit
comme à l'époque de l'Afrique du sud.
-
L'intériorisation de la stigmatisation d'Israël
s'intègre dans le processus d'élaboration
du vocabulaire de haine. Ainsi, hormis les USA et le Canada,
la plupart des démocraties participent aux dérives,
soit en votant en faveur des résolutions stigmatisant
Israël, soit en s'abstenant et ne vote que très
rarement à leur encontre. Des termes tels que «
massacres », « disproportion ou punitions
collectives » qui avaient court bien avant l'intervention
militaire récente à Gaza, participent à
la surenchère linguistique. La terminologie «
puissance occupante » étant quasi systématiquement
utilisée dans les résolutions. (rapport
de Malka Marcovich) Dans ce contexte, l'ensemble des assoications
juives d'Europe appelle les Communautés juives
d'Europe à venir en masse manifester leur soutien
à Israël et leur rejet de la diabolisation
d'Israel et des Juifs, à Genève,
le mercredi 22 avril 2009, de 10h à 17h.
Pour les Parisiens, ils pourront se rendre par bus affrétés
par le B'nai B'rtih France ou par TGV Paris-Genève,
avec un aller-retour dans la journée.