Le
Talmud rapporte la discussion entre Hillel et Chamaï, ces
deux grandes figures du judaïsme rabbinique antique, concernant
l’allumage de la hanoukia. Entre un allumage decrescendo
pour Chamaï et un allumage crescendo pour Hillel, la halakha
a opté pour le second avis.
Un
tel choix nous offre par delà le rite, une pensée
du rite, qui exprime une pensée du judaïsme. Au fond,
il vaut mieux s’élever progressivement, lentement
et sûrement en matière religieuse. C’est sans
doute, pour la majorité d’entre nous, la meilleure
manière d’assumer son identité juive, surtout
si nous venons de loin.
Il
est incontestable que cette vision progressive traduit parfaitement
l’esprit de notre institution consistoriale, le Consistoire
de Paris. En effet, si notre responsabilité concerne le
culte dans tous ses aspects (synagogue, cacherout, célébrations,
etc.) et qu’au niveau de nos traditions, il nous faut offrir
le meilleur; il nous faut aussi savoir accueillir les familles
et les individus à leur rythme, selon leur vécu.
Notre
rigueur en matière religieuse ne doit pas entraîner
un quelconque esprit d’imposition, mais c’est sur
le mode de la proposition que nous devons fonctionner. Ainsi la
synagogue doit-elle rester un lieu ouvert pour toutes les manières
de vivre son judaïsme comme le Talmud-Torah doit être
une école pour tous les enfants.
A
notre niveau, il s’agit d’un impératif et d’un
véritable défi. Notre communauté sera grande
par sa diversité, chacun pouvant apporter sa spécificité.
L’image
de la hanoukia du huitième soir, quand toutes les flammes
brillent à l’unisson, sans jamais former une torche,
est une image éloquente, au plan communautaire.
Ce
message de Hanouka nous interpelle en tout lieux et en tout temps.
Que nous soyons responsables communautaires, fidèles assidus
ou plus occasionnels, nous portons notre flamme qui, unie aux
autres, exprime la force vivante de notre communauté.
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Hanouka
Saméah
Joël
Mergui
Président
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Dans
quelques jours nos demeures et nos synagogues s’illumineront
des lumières de Hanouka. Chaque soir un peu plus de lumière
repoussera un peu plus d’obscurité. Cette obscurité
n’est pas seulement physique, elle est également
spirituelle. Les Grecs ne voulaient pas tant nous détruire
physiquement (comme ce fut le cas avec Aman), mais ils voulaient
nous assimiler. Et il ne fait pas de doute que la mort par assimilation
est aussi grave que la mort par extermination, car elle ne laisse
aucune chance de survie à notre peuple et à notre
identité.
Réfléchissons
au décret d’Antiochus qui voulut éradiquer
trois mitsvot essentielles : la brit mila, le Chabbat et le Roch
Hodech. Pouvons-nous croire qu’il s’agissait de commandements
pris au hasard, tiré au sort (comme dans le récit
de Pourim) ? Certes non. Le souverain savait parfaitement ce qu’il
faisait. Le sujet mériterait un livre entier, mais nous
nous limiterons à quelques mots. Ces trois mitsvot renvoient
à la dimension surnaturelle du peuple juif, à cette
dimension qu’il fait que par la Torah, notre peuple transcende
les contingences matérielles, et se relie à l’Eternel.
Ainsi,
l’alliance de la circoncision transforme notre nature morphologique
et inscrit les principes de l’éthique monothéiste
dans notre chair. Le Chabbat nous rappelle que le monde à
été crée par le Saint, béni soit-Il,
et que le monde ne se limite pas aux apparences physiques. Le
Roch Hodech enfin souligne la capacité de chacun de se
renouveler dans son service de D., telle la lune, sans jamais
tomber dans les pièges d’une conscience fataliste.
En
cette joyeuse fête de Hanouka, je souhaite que chaque membre
de notre belle communauté porte avec fierté la flamme
de la Torah qui est notre vie authentique, et qui renvoie à
la lumière de D.
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Hanouka
Saméah
David
Messas
Grand Rabbin de Paris
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